Année Cézanne 2025 à Aix-en-Provence

En tant que native d’Aix-en-Provence, j’ai grandi au rythme des cigales, à l’ombre de la Sainte-Victoire et dans les pas discrets de Paul Cézanne. Ici, son nom est partout : dans les ruelles, les collines, les musées, et surtout dans notre mémoire collective. En 2025, la ville lui rend un hommage d’une ampleur inédite à l’occasion du 120ᵉ anniversaire de sa mort. Et pour moi, cet événement est bien plus qu’une rétrospective artistique : c’est un rendez-vous intime, presque familial, que je n’aurais manqué pour rien au monde.

Aix-en-Provence se transforme donc, pour l’occasion, en musée à ciel ouvert. Expositions uniques, lieux de vie restaurés, parcours dans les paysages qu’il a peints… tout est réuni pour ressentir la présence du peintre et revivre son regard sur la Provence.

Plus qu’un voyage culturel, c’est une immersion dans l’âme même de Cézanne, dans cette lumière aixoise si particulière qu’il a su capturer comme personne. Que vous soyez amateur d’art ou simple amoureux de la Provence, Cézanne 2025 est une invitation à voir le monde avec ses yeux.

“Cézanne au Jas de Bouffan” : l’exposition phare au Musée Granet

Au cœur de la programmation, l’exposition “Cézanne au Jas de Bouffan”, présentée jusqu’en octobre 2025 au Musée Granet, est un événement exceptionnel. Rassemblant plus de 130 œuvres – peintures, aquarelles, dessins préparatoires – elle met en lumière la production artistique de Cézanne réalisée alors qu’il vivait à la Bastide du Jas de Bouffan, la demeure familiale acquise par son père en 1859.

Dans ce cadre intime, Cézanne a peint ses premières toiles ambitieuses : Les Joueurs de cartes, des portraits familiaux, des natures mortes, mais aussi de vastes paysages captés depuis les fenêtres de la maison. L’exposition retrace cette période charnière (1859–1899), montrant l’évolution de son style : des débuts classiques jusqu’à l’expérimentation radicale de la forme et de la couleur.

L’Atelier des Lauves : restauré et vivant

Situé sur les hauteurs nord de la ville, l’Atelier des Lauves est un lieu de mémoire unique. Cézanne y travaillait chaque matin dès l’aube, entouré de ses toiles, pinceaux et objets familiers. Restauré avec soin, le lieu rouvre en 2025.

C’est ici qu’il peignit certaines de ses œuvres les plus puissantes, comme les dernières versions de la Montagne Sainte-Victoire ou les grands Baigneurs. L’atelier, baigné de lumière provençale, conserve l’aura du peintre et offre une expérience rare : celle de se retrouver dans le silence même de la création.

Les Carrières de Bibémus : aux sources de la Sainte-Victoire

Les Carrières de Bibémus étaient pour Cézanne une source d’inspiration intarissable. Il y loua un petit cabanon au début des années 1890 pour s’y isoler et peindre face à la nature brute. Là, les formes géométriques des blocs de pierre et les contrastes chromatiques du calcaire et des pins nourrirent sa quête de simplification des volumes et d’harmonies colorées.

Ce site, aujourd’hui accessible par un sentier pédestre, permet de retrouver les points de vue exacts depuis lesquels Cézanne composait ses tableaux. Une promenade immersive à travers la garrigue vous conduit dans un paysage intact, où les tableaux prennent vie.

La Bastide du Jas de Bouffan : l’âme de Cézanne

Classée monument historique, la Bastide du Jas de Bouffan est sans doute le lieu le plus intime du parcours cézannien. Habité par la famille Cézanne pendant plus de 40 ans, ce domaine fut à la fois maison familiale et véritable laboratoire artistique. Paul Cézanne y peignit d’abord sur les murs du grand salon, exécutant de grandes fresques décoratives : allégories, scènes antiques, paysages stylisés, aujourd’hui soigneusement restaurées.

Les jardins, le bassin, les platanes centenaires et les vues sur la campagne environnante furent autant de motifs qu’il reprit dans ses toiles pendant plusieurs décennies.